Pourquoi on n’utilise pas le mot "méthode" pour parler de l’ABA ?

Lorsqu'on cherche des informations sur l'ABA, sur internet ou dans des forums, on constate souvent l'utilisation du terme "méthode ABA".

Pourtant, dans le champ professionnel, parler de méthode pour désigner l’ABA est inexact — et parfois même source de confusion. Pourquoi ? C’est ce qu’on va voir ensemble dans cet article.

L’ABA n’est pas une méthode : c’est une science !

L’ABA (ou Applied Behavior Analysis, ou encore Analyse Appliquée du Comportement en français), c’est la branche appliquée des sciences du comportement. Cela signifie qu’elle repose sur des principes scientifiques, issus de recherches expérimentales rigoureuses sur le comportement humain et animal.

Elle s’appuie sur l’observation, la mesure et l’analyse des comportements pour comprendre pourquoi une personne agit d’une certaine manière, et comment on peut lui enseigner des comportements et compétences qui lui permettront de s’épanouir dans sa vie de tous les jours.

En ABA, il y a donc des fondements scientifiques qui représentent le socle de travail de tout Analyste du Comportement digne de ce nom, et sur lesquels nous nous appuyons quotidiennement (ex. : les principes d’analyse fonctionnelle, du renforcement, de l’utilisation des guidances, etc.).

Ensuite, chaque Analyste du Comportement fait le choix d’utiliser une certaine méthodologie de travail, certains outils de prédilection, des techniques qu’il ou elle maîtrise mieux, et même des courants spécifiques (ex. : l’ABA-VB).

Autrement dit, dire que l’ABA est une méthode, ce serait comme dire que la cuisine est une méthode. Or, la cuisine est un art… et même une science ! C’est une discipline qui repose sur des principes physiques et chimiques. Mais il n’existe pas une seule recette : il y a des variantes infinies, des ingrédients et des techniques très variés !

L’importance de l’individualisation

Une autre différence majeure avec une "méthode", c’est que l’ABA ne suit jamais un protocole figé et rigide.

Je déteste, par exemple, quand on me dit : "En ABA, on doit faire comme ça !” (grrrr).

Le verbe devoir ne devrait jamais être utilisé selon moi !

 C’est en effet presque impossible de définir des règles absolument strictes qui pourraient s’appliquer dans toutes les situations — tant les paramètres à prendre en compte sont nombreux.

On aimerait pouvoir donner des conseils tout faits ou des recettes magiques… mais ce serait ignorer la complexité et la diversité infinie des comportements humains.

 Parler de "méthode ABA", c’est donc réducteur : cela donne l’idée qu’il existerait une recette unique à appliquer à tout le monde, alors que l’approche comportementale valorise l’individualisation, l’analyse contextuelle et l’ajustement constant des interventions.

Une science évolutive, en constante actualisation

Nous n’appliquons plus l’ABA comme nous l’appliquions il y a 10 ans… et dans 10 ans, nous ne l’appliquerons plus comme nous l'appliquons aujourd’hui.

En tant qu’Analystes du Comportement — tout comme les médecins — nous sommes formés et incités à nous tenir au courant des dernières avancées scientifiques. Nous sommes aussi avertis dès le départ que nos pratiques devront évoluer au fil des découvertes. 

C’est bien là la grande différence entre une méthode et une science : une méthode reste figée ; une science évolue, s’enrichit, se remet en question et se réadapte.

Pour pouvoir évoluer ainsi, l’ABA est alimentée par une production scientifique soutenue.

Par exemple, le Journal of Applied Behavior Analysis (JABA), l’une des revues les plus influentes du domaine, publie en moyenne 78 articles scientifiques par an.

L’ABA est une science dynamique, qui cherche à explorer des thèmes de plus en plus variés : anxiété, management, éducation, vieillissement, troubles de l’humeur, parentalité, et bien d’autres.

En conclusion

 Lorsque l’on parle de l’ABA comme d’une "méthode”, on passe à côté de ce qui fait toute sa richesse : c’est une science vivante, fondée sur l’observation, l’analyse, et l’adaptation permanente.

Pour les professionnels du médico-social, cela change tout : l’ABA ne propose pas une marche à suivre universelle, mais une grille de lecture du comportement et un outillage scientifique permettant de créer des interventions éthiques, individualisées et fondées sur les données objectives.